Une nouvelle vie plus autonome
Qui n’a pas un jour pensé à ce mode de vie si différent de
ce que l’on connait ? Inutile de se jeter à corps perdu dans l’inconnu,
vous ne pourriez que le regretter amèrement. Se lancer dans une initiative plus
autonome et responsable demande avant tout d’y avoir réfléchi, de bien pesé le
pour et contre. Il faut bien sur être curieux, un brin aventurier, être
autonome et créatif. Cela demande d’être bricoleur, autodidacte, d’accepter de
gérer au quotidien des tâches de jardinage ou d’élevage parfois pénibles. Mieux vaut se poser les bonnes
questions : suis-je prêt à changer de vie maintenant ? Quelles
connaissances et qualités pourront me
servir dans mon expérience ? Suis-je prêt à faire face à l’inconnu ?
Suis-je prêt à simplifier ma vie ?
Et soyons honnêtes, s’il est possible de faire soi-même
beaucoup plus de choses que nous le faisons tous actuellement, est-il vraiment
possible de tout faire ? N’est-il pas plus intéressant de mettre en commun
des savoir-faire dont certains sont complexes à acquérir. Chaque jour d’une vie
plus autonome comporte déjà un bon nombre d’activités : nourrir et
entretenir les animaux tout au long de l’année, s’occuper du jardin, préparer
les conserves, le bois pour l’hiver, entretenir les lieux et les bâtiments… Alors
en plus du savoir-faire, il va falloir de très longues journées et beaucoup de
courage pour fabriquer ses outils, se vêtir (du filage au tissage), créer des
vanneries, se chausser, gérer une pharmacie et bien d’autres activités complexes
et gourmandes en temps. Inutile donc de chercher à tout faire, un réseau social
est juste… nécessaire.
Qui dit échange dit argent, me direz-vous. Certes, une
partie des échanges peut se faire sous forme de troc. Une autre avec la
monnaie. L’argent n’est à la base qu’un outil comme un autre, une marque de
confiance entre les parties, échangeable à tout moment contre un élément
physique comme l’or. Utilisé de cette simple manière, la monnaie n’a pas de
caractère « négatif ». L’argent n’induit pas de mensonge, puisque la
contrepartie physique existe réellement. Il ne crée pas non plus de servilité
quelconque, il n’est pas non plus lié à une dette remboursable avec intérêt. En
ce sens, l’argent est un bon outil pour simplifier les échanges. Il faut
simplement se réapproprier ses valeurs originelles.
C’est parti. Vous avez décidé de vivre pleinement
l’expérience de vie autonome. Faites les choses dans l’ordre et prenez le temps
qu’il vous faut pour vous adapter pleinement. Inutile de chercher à sauter des
étapes si vous avez des doutes ou des difficultés sur une base comme un jardin
qui ne produit pas assez en raison d’un sol trop pauvre par exemple. Un état
des lieux s’impose. Quels sont les moyens à ma disposition ? Bâtiments de
vie et d’élevage, surface agraire exploitable, verger, sources ou cours d’eau,
bois ou forêt… Gérez les priorités : accès à un point d’eau potable
permanent, un abri durable, mise en œuvre d’un jardin et d’un élevage. De quoi
avez-vous besoin pour ces activités
essentielles ? Outils de jardin, nourriture pour animaux, graines, séchoir
pour les plantes alimentaires et médicinales, bidons pour le stockage de l’eau,
du bois pour vous chauffer et/ou vous alimenter…
Une fois les bases mises en place, il va falloir être
prévoyant. Il faut penser à conserver les récoltes, conserver des graines de
semence, assurer la reproduction des animaux (certains animaux comme les poules
ne pondent pas un grand nombre d’années, un renouvellement du cheptel est
nécessaire), stocker du bois pour l’hiver.
Pensez aussi à ce qui pourrait arriver : tomber malade.
Votre jardin pousse tranquillement, votre verger est en fleurs, vos poules se
délectent de vers de terre et vous offrent de délicieux œufs frais, parfait. Si
vous en profitiez pour faire le point sur les plantes sauvages qui vous
entourent ? Alimentaires ou médicinales, elles sont, vous verrez, plus nombreuses qu'il n'y parait au premier coup d'oeil. Attention toutefois, aussi fantastique que puissent être les
ressources végétales offertes par la Nature, l’emploi et la cueillette des plantes
sauvages, qu’elles soient alimentaires ou médicinales demande un minimum de
connaissances et de précautions. Cela prend du temps d’identifier les plantes,
de les classer, de savoir les employer correctement. On ne fait pas n’importe
quoi avec les plantes, mais les connaître pour les utiliser à titre préventif
ou curatif est un atout majeur. Mais là encore, pas de risque, au moindre doute
ou pour toute urgence, faites appel à un médecin. Nous sommes responsables et
autonomes, pas fanatiques ni en situation de survie…
Et puis, plus tard, bien plus tard, quand vous serez
parfaitement adapté, que vous ne rencontrerez plus de questions majeures et que
vous saurez faire face aux tracas du quotidien, alors vous pourrez commencer à
penser à vous couper des réseaux d’eau, d’électricité et de communication. Ce
qui ne vous empêchera pas pour autant de vous déplacer pour garder des liens
sociaux. Seul le rythme change, avec profit, puisque les échanges plus rares
sont aussi plus riches, infiniment plus riches que 50 sms échangés entre deux
personnes sur une seule journée.
Maintenant, à vous de jouer :
1 – Je fais une analyse poussée de moi-même, ma psychologie,
mes désirs profonds
2 – Je m’informe au mieux pour avoir des connaissances
théoriques précises.
3 – je teste grandeur nature ce que je peux faire sans
risque : élevage, jardinage…
4 – Action ! J’ai un terrain qui correspond à mes
besoins, je me lance dans une nouvelle vie en y posant les bases essentielles à
ma vie de tous les jours et des jours à venir (vite, l’hiver arrive ;-) ).
5 – Après quelques années de « rodage » je peux
maintenant me projeter et passer la vitesse supérieure : autonomie
énergétique, coupure des réseaux d’eau et d’électricité.
Notre exemple personnel en quelques mots :
Nos deux personnalités sont très complémentaires avec une
vision globale de la vie très proche. Proches de la nature et des choses
simples, nos valeurs humaines, éthiques, sociales ou encore environnementales
sont en adéquation avec un tel mode de vie. Le désir profond de changer de vie
est ancré en nous depuis de longues années. Le plus difficile : surpasser
ses peurs et accepter le regard porté sur soi du fait d’un choix de vie parfois
qualifié de marginal.
Tous les deux avons eu la chance de connaître la campagne
dès notre plus jeune âge, d’observer, voire d’assister de temps à autre les
agriculteurs dans leurs travaux. Cela permet d’avoir quelques bases et quelques
souvenirs parfois bien utiles pour débuter. Nous avons acquis des connaissances
théoriques sur les bases nécessaires : se nourrir : jardinage,
élevage, conservation des produits mais aussi sur les possibles développements
de notre situation : étude des plantes sauvages, bases pour la mise en
œuvre de systèmes de production énergétique, analyse d’autres méthodes de culture
etc.
Voilà maintenant près de cinq ans que nous avons mis en
place un poulailler (pour les œufs) et un jardin qui est à ce jour en culture
bio avec labour. Ce temps nous a été nécessaire pour comprendre les choses, se
poser dans ce mode de vie et commencer à maîtriser suffisamment les choses pour
avancer correctement. Ainsi ce n’est que l’an passé qu’un poulailler digne de
ce nom a été construit. Avant il s’agissait plus d’un abri de fortune de 3 m².
Après réflexion, le jardin existant de 100 m² sera à partir de cet automne
préparé pour une culture sans labour et une nouvelle parcelle préparée pour
agrandir le jardin d’au moins la même superficie.
A ce jour, les cultures sont en place, quelques légumes mis
en conserve, comme les haricots. Les fruits sauvages comme les mûres ramassées
et transformées pour l’hiver (confitures, sirops). Les plantes médicinales et
alimentaires séchées (première saison et premiers essais). Le bois, la paille
et le foin sont stocké pour aborder l’hiver.
Ce n’est vraiment que maintenant que l’on commence à changer d’échelle : projets de puits, d’éolienne,
ouverture d’un nouveau jardin et changement de mode de culture, usage de
plantes sauvages médicinales et alimentaires pour les grands thèmes.
Il nous a fallu du temps pour s’adapter à ce rythme, à ce
mode de vie. Le temps de comprendre un peu mieux la Nature, le temps de changer
au fond de Soi, d’entrer en résonance avec ce que l’on ressentait dans nos cœurs.
Aujourd’hui, nous sommes pleinement
conscients des difficultés que cela engendre mais aussi du bonheur quotidien
engendré. Il est venu le temps pour nous de franchir de nouvelles étapes et de
vous les faire partager.
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